J’envoie à Ernest un article sur un professeur rwandais aveugle qui exerce à Gatagara, au Rwanda. Voici sa réponse :
Bonjour cher Jean-Luc
Merci pour ce message. Je connais HVP Gatagara et son personnel. Nos élèves étudient là.
Je pense qu’un jour nous aussi nous aurons des non/mal voyants Burundais qui ont ces rêves et qui, plus tard, deviendront des réalités.
Ernest
Oui, ce serait bien si nos enfants du Burundi pouvaient arriver à de tes résultats et ainsi prendre leur place dans la société.
Est-ce possible d’être aveugle et de donner des cours ?
Sachez que je donne de temps en temps des cours de math particuliers et que, pendant un moment, j’avais pensé devenir professeur de math. C’est une personne du ministère de l’éducation qui m’en a découragé. Dommage.
Comment je fais ? Je me place comme un réel partenaire de l’élève, et je suis à son écoute. Comme je n’ai pas de livre, comme je ne sais pas de quoi le cours parle, c’est à l’élève de me faire découvrir le contenu, c’est à l’élève de m’expliquer … Et en faisant cet exercice, j’apprends son approche et on découvre, ensemble, exactement là où se situe le problème … C’est quand l’élève bloque … On cherche alors, ensemble, les solutions, ses solutions … Et croyez-moi , ça marche ! Mieux qu’un cours ex-cathédra qui impose une méthode, qui impose des solutions …
Essayez et vous m’en direz des nouvelles … Vous vous mettez devant votre enfant qui ne comprend pas et vous lui dites : explique-moi …
Avec des théorèmes comme Thales, c’est génial car l’enfant doit m’expliquer avec ses mots, avec ses gestes. Et les quelques lignes tracées sur son livre deviennent des réalités avec une latte, un bras, une main. On passe ainsi de l’abstrait au concret, de 2 dimensions à 3 , voire 4 avec des rires en plus …
Et pour les exercices ? On les corrige oralement ensemble. Ca prend du temps mais l’enfant apprend ainsi à se corriger et à chercher ses fautes, à décortiquer son exercice, à le regarder avec un autre regard … Du tout bon.
Jean-Luc