Jour 3 Gitega Ruygi Retour aux sources

Départ de Gitega tôt le matin. Nous terminons la visite du musée National qui nous parle du passé du pays et de ses traditions. Le Burundi, vu son enclavement, est un des rares pays d’Afrique (avec son voisin Rwandais bien sûr) dont la culture a été longtemps préservée des influences extérieures et des marchands d’esclaves. Le journaliste de Transversale veut savoir comment Hélène arrive à me décrire un musée, un décor. Il m’interroge sur ma perception des choses. Je lui explique tant bien que mal que ma seule perception d’un musée est le discours du guide et que je suis donc un des seuls à ne jamais en perdre un mot. Tout cela pendant que le pauvre guide parle, parle et je n’arrive pas à l’écouter. Ouf, l’interview est finie … tiens, la visite aussi … Dommage. Dur d’être "vedette", on se sent parfois mal compris.

Hélène me décrit un pot qui , dans mon imaginaire, ressemble à un pis de vache à l’envers.

en route vers Ruyigi, patrie de Maggy. Le gouverneur de Gitega nous accompagne, en vélo, pendant une bonne trentaine de kilomètres, jusqu’à la frontière de sa province. Adrien, en 10 ans de Ravels, n’a jamais vu un tel accueil des officiels. La population est aussi là au rendez-vous. Une soixantaine de kilomètres de sourires prévus le long de la route aujourd’hui.

Arrêt aux sources du Nil. Rien à voir, je comprends pourquoi Stanley ne les a jamais trouvées. Si je fais pipi ici, ça va jusqu’aux pyramides ?

Arrivée difficile à Ruyigi en montées et Tambours. On les entend ! Ca veut dire qu’on est arrivés ? Non, ils sont dans un camion et roulent avec nous … Bravo à Aurélie, partie intégrante du Berchem Team, qui va arriver au bout épuisée mais qui va y arriver. Moi aussi j’ai la gorge sèche mais c’est surtout parce que j’ai parlé pendant plus d’une heure à un journaliste.

Le Ravel est suivi par une dizaine de journalistes de divers horizons (Le Soir, la RTBF, La Libre, Sud Presse … et même Paris-Match qui ne parlera que d’Axelle red et de Jally).

Hier John Chris a enfin donné son feu vert pour un passage des enfants de Gihanga au concert de clôture. Enfin ! Je passe les coups de fils nécessaires, pourvu que les enfants et l’équipe Menya Media y arrivent.

Partages avec Marie qui a retrouvé la maison qu’elle avait quitté à 4 ans. Elle dit avoir ressenti des émotions fortes et avoir eu la conviction d’avoir retrouvé ses racines. Mais qu’est-ce qui fait que le Burundi crée des liens aussi forts ?

Accueil par les tambourinaires puis le groupe Peace and Love. L’ambiance monte jusqu’à l’arrivée d’une coupure de courant. Repos à l’hôtel. Repas du soir (une soupe !!!!) avec concert. Maggy est en Belgique, nous sommes accueillis par une de ses 5000 filles … Ambiance plus que festive. Les participants se révèlent et se lâchent. Demain nous partons pour le parc de la Ruvubu. 90 km prévus ?

Jour 2 Bururi-Gitega Tambours et carbonnades

Le souper était pas mal du tout. Carbonnades avec riz et petits-pois. Première nuit sans trop d’eau dans la douche. Petit déjeuner à 7 h 30. Bururi est un village sans grand intérêt. C’était pourtant la région du président Buyoya.

Départ prévu à 8 h. 9 h, 1, 2, 3, nous partons avec Axelle Red en tête. 1, 2, 3, 5 mètres plus tard, on s’arrête. Le plateau télé est fait, Axelle peut partir visiter des projets UNICEF. Nous faisons demi-tour pour repartir, pour du bon, un quart d’heure après. La télé, la radio et les vedettes ont leurs impératifs …

Nous voilà partis pour Gitega. La route monte et descend. Pour éviter le problème de la veille, je suis parti avec Eric, un capitaine de police cycliste amateur comme pilote. Un mateur qui fait quand même ses 150 km de vélo, dont 30 km de montées, toutes les semaines. Il me décrit la route. pas de cris d’enfants, nous traversons une région fort boisée. Je suis quand même crevé. Je me rendrai compte, à postériori, que c’est parce que mon pilote veut me ménager et met des vitesses trop lentes qui m’obligent de pédaler vite dans le vide. Plus tard nous nous accorderons sur des vitesses plus « fortes » mieux en accord avec nos rythmes. Tout le monde croît que c’est plus facile en tandem, c’est le contraire.

Après une bonne trentaine de kilomètres, je me repose un peu dans le bus. Le Ravel n’est pas une épreuve sportive, je ne suis pas venu ici pour prouver que je sais pédaler, il y a tant d’autres choses à faire.

De toute façon, personne, tout au long du programme, ne fera tous les kilomètres prévus, c’est tout simplement impossible. Laissons aussi la place aux visites, aux échanges …

Le bus s’arrête à 2 km de Gitega (la deuxième ville du pays, ancienne capitale et donc premier bastion des tambourinaires du Burundi). Tout le monde descend du bus pour une arrivée en vélos et tambours. Premier accueil dans un stade. Premier concert des fameux tambourinaires. On remonte sur les vélos. La foule est sur notre passage comme au tour de France sans maillot jaune et avec un peu de Primus comme EPO. Arrivée à l’hôtel. Deuxième démonstration des tambours avec leur chef dont l’âge varie entre 75 et 85 ans selon les versions. Toujours émouvants et impressionnants ces tambourinaires ! Les cœurs et le sol en tremblent … Entre-temps il y a eu la visite du Musée National qui a duré exactement 5 minutes car elle a été interrompue par une coupure de courant … Ca sent l’Afrique ou la Belgique de cet hiver sans Thiange ?

Il est 16 heures, nous pouvons enfin passer à table pour un dîner copieux avec carbonnades et riz. Quel luxe.

L’hôtel est beau mais réservé aux journalistes. Nous partons à la recherche d’hôtels en ville. Il y a l’Orange pour une partie du staff. L’Irakoze pour une autre mais la montée vers celui-ci est impossible. Nous irons à l’Accolade où il y a de l’eau … dans des seaux avec une tasse.

Nous n’arrivons qu’avec une heure de retard au cocktail offert par l’ambassade de Belgique avec discours du gouverneur de province et d’un représentant de l’ambassade. Un homme que j’avais connu à l’école belge en 93 et qui est heureux de revenir au Burundi. Mais comment cela se fait-il que tant de gens aiment ce pays ?

Souper à 8 heures. Chouette, il y a des carbonnades avec du riz et des petits pois !

La journée n’a pas été si dure que la première mais nous nous couchons avec plaisir.

Réveil demain à 6 h 30. Entre les tropiques le soleil se lève toute l’année à 6 heures. C’est donc l’heure logique où tout le monde se lève, coqs et travailleurs à la scie électrique compris.

Jour 1 Bujumbura-Bururi Chute !

Départ en fanfare de Bujumbura. Interviews, montage des vélos dans la cours d’Handicap International, discours officiels, … Nous attendons sous le soleil, il fait chaud ici. L’idéal aurait été de partir à 8 heures pour éviter le soleil, le vent et la faim. Nous partons à 11 heures.

Le président du Burundi nous accompagne pendant une quinzaine de kilomètres en personne et en vélo. Impressionnants ses gardes du corps qui courent à côté de lui kalachnikov et munitions en main. Quels athlètes.

L’aventure est lancée, le rythme aussi. Très rapidement le peloton s’étiole et s’éparpille sous la chaleur et face au vent qui souffle très fort en saison sèche. Pour épargner Hélène, j’essaie de pédaler fort. Pour essayer de m’épargner, Hélène, elle aussi, pédale fort. Moralité, nous sommes tous les deux crevés. Nous nous rendons vite compte que le tandem fourni n’est pas idéal avec ses gros pneus et moi qui dois me plier en deux. Moralité, après 30 km environ, je fais une chute … de tension … Je continue donc dans la voiture de la Croix-Rouge à boire de l’eau, des litres d’eau. Hélène continue avec un super cycliste comme pilote. Elle arrivera, épuisée, au bout des 67 km prévus. Car, ouf, la première étape a été écourtée. Toute l’équipe se retrouve à prendre un verre et une baignade dans le lac Tanganyika tant que les hippos sont partis. Un instant de paradis bien mérité pour tous.

Nous arrivons sur Bururi en bus. La montée était vraiment impossible, même le bus a souffert pour y arriver (30 km de montée pour passer de 800 à 2200 mètres ! Bonjour l’altitude) .

Première nuit dans un petit hôtel local, très local. . On a croisé Axelle Red et j’ai eu une discussion intéressante avec son manager-producteur-mari.

Le périple promet, ça va être dur , vraiment dur.

Arrivée à Buja

Mercredi 3 octobre Le vol BXL-BJM atterrit. Superbe ambiance, les participants se sont découverts entre-eux pendant tout le vol … Qui est qui ?

Arrivée à Bujumbura (Buja pour les intimes) à 19 heures. La porte de l’avion s’ouvre sur les odeurs d’un Burundi en fin de saison sèche. Les passagers descendent.

Le chef de l’office du tourisme s’avance les bras ouverts : "Hélène !!!". Embrassades.

Le responsable de la sécurité de l’aéroport appelle : "Héléna, tikanis …".

Le représentant d’ Handicap International dit : "Hélène … tu te souviens ? On était ensemble à l’école …".

Pour une arrivé incognito, c’est raté. Mais quelle chaleur, quels sourires.

L’accueil se poursuit dans un superbe hôtel de la ville situé à côté du dortoir de milliers de chauves-souris qui prennent leur envol. Il manquait une chambre, on va dormir dans une suite. Discours de la ministre du tourisme, passage discret d’Axel Red, retrouvailles d’amis de longue date. Que de la chaleur. C’est bien parti.

Hélène ne résiste pas à l’envie de faire le tour de la ville la nuit avec des copains, histoire de se replonger dans son enfance. Elle a du mal à reconnaître les rues, la guerre a remplacé les haies vives par des murs anonymes.

Que nous réserve la journée de demain ? JLLN

L’aventure en différé

Bonjour vous tous,

Nous sommes le samedi 6 octobre à Ruygi, fin fond du Burundi. Tout va bien à part qu’on ne trouve pas facilement de conections … J’écris donc cet article sans savoir quand il partira .. Mais rassurez-vous, même en différé, vous aurez un récit complet de notre « ballade ».

@++ JLLN

Où sont les photos ?

Certains me demandent où sont les photos dont je parle dans mes articles.

Voici l’introduction à mon album photo « NA WEWE » à retrouver sur le site www.na-wewe.com

NA WEWE

L’album photos d’un aveugle.

Un objectif, une focale, un angle de vue, une profondeur de champs, un zoom, un grain mais pas d’images.

Préambule/ Point de vue :

Il y a quelques années, sous les conseils d’un ami avisé, je lis (ou plutôt, j’écoute) le livre "Neige" de Maxcence Fermine.

J’y découvre non pas que les aveugles vivent la couleur, je le savais déjà, mais bien que les orientaux ont développé une forme artistique étonnante : le Haïku. Des petits poèmes imagés très courts et soumis à des règles fort strictes.

Ce superbe livre m’amène plein de réflexions.

Un haïku ne serait-ce pas un peu un titre d’un journal qui doit tout dire en peu de mots ?

Pas vraiment. Ne serait-ce pas les cinq premières minutes d’un film quand les personnages, les lieux, les temps et les intrigues sont posées ?

non plus. … Ca y est, j’ai trouvé, c’était si simple : un haïku est une photographie. Un instantané, un flash sur un moment qui a un avant et qui amène un après. Magique. Inspirant.

Une porte que je croyais définitivement fermée se rouvrait. Moi qui avais toujours été un amateur de photographies et d’images, moi qui avais enterré définitivement mon cher Nikon après l’accident dans lequel j’avais perdu la vue, je pouvais retrouver mon hobby . Prendre des photos, dessiner, fixer le beau.

C’est donc armé de mon dictaphone et de mon PC que je me suis relancé à travers bois, nature, paysages, visages, êtres, formes, pour faire miens des instants , des émotions, des couleurs, des noirs et des blancs. Oui, un aveugle peut prendre des photos. J’ai retrouvé une de mes passions de jeunesse.

Fermez les yeux, écoutez mes images. Lisez mes albums photos.

J’ai pris mon appareil sur le tournage de NA WEWE…

Jean-Luc

Exemple première photo du film :

vert rouge vert poussières

un mini-bus roule vers

rouge vert sanguinaire

Qu’en pensez-vous ?

Distribution instruments

Aujourd’hui j’ai été distribuer les instruments de musique récoltés grâce à la commune de Berchem Ste Agathe et son équipe et à destination des enfants de l’école Kanura pour enfants aveugles.

Quels moments, quelles joies, quels bonheurs, quelles émotions … Rien que pour ces instants mon voyage est réussi.

Imaginez. Vous rentrez dans une salle où 46 enfants, tous handicapés de la vue, vous attendent en chantant … Après un discours de circonstance, les enfants découvrent les colis posés devant eux. Un enfant ouvre une caisse et explore de ses mains le contenu. Son visage s’illumine. Il annonce tout fier "piano" à l’assemblée… Du coup tous les autres applaudissent et crient de joie avant de venir , un à un, toucher le nouvel instrument. On entend alors leurs sourires rayonner. Magique, je vous dis, magique …

Et il y en a qui se demandent pourquoi je cours ainsi tout le temps. Pourquoi rester assis chez soi quand on peut vivre tant d’émotions ? Pourquoi rester chez soi quand, avec un peu de bonne volonté, on peut se rendre utile ?

Je ne vous dis pas, après, les essais des instruments et le superbe concert improvisé à notre départ …

Rassurez-vous, tout cela sera très prochainement visible sur vidéo. Et encore merci à tous ceux qui m’ont permis de vivre cela et qui vont permettre à tous ces enfants d’aller encore plus loin. JL

projets ?

Hier, quand j’ai été distribuer les instruments de musique aux enfants, le directeur m’a fort justement fait remarquer que la plupart des enfants ont besoin de leçons de musique.

Nous avons tout de suite contacté un professeur. Il demande 42 euros par mois (80.000 BIF) pour venir une journée complète par semaine enseigner aux 46 enfants …Un beau projet, non ? Ca vous dit de soutenir cette action là ?

Sinon, vu la qualité des prestations de certains, l’équipe de Menya Media se dit qu’il serait intéressant de produire les enfants en mettant notre équipe d’artistes à leur disposition. Cela leur permettrait de diversifier leurs compositions et de se lancer dans une tournée de concerts… Le potentiel est là, les messages de sensibilisation sont forts …JLLN

Entrainements

J’ai repris mes entrainements piscine et vélo, altitude oblige (Bujumbura est à 800 mètres, le reste du pays entre 1500 et 2200). Une photo ?

entre deux tropiques

progresse un vélo fixe

senteurs d’Afrique

Imprévus

L’Afrique est pleine d’imprévus. Par exemple, les pompes ne vendent plus d’essence depuis plusieurs jours pour un problème de prix … Va-t-on devoir pousser le camion balais durant tout le Ravel ?

Rassurez-vous, en Afrique, il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions. Les Africains ont des leçons de résilience à nous donner.

Les instruments de musique à destination des enfants de Gihanga sont bien sortis de douane. Merci Caroline et toute l’équipe Handicap International Belgique ! Si on trouve quelques bidons d’essence Kadhafi, nous irons les distribuer mardi. JL