Une action, une histoire

Des histoires qui se croisent, des convictions qui se renforcent.
ou pourquoi l’action « Donne à voir » ?

Sourires d’enfants

Enfant 1 Enfant 2 Enfant 3
Il était  Janvier.  Janvier est le cinquième enfant d'une famille de quatre. Janvier a quatre frères et sœurs mais ses frères et sœurs n'en ont que trois. Impossible ? Non quand on sait que Janvier est né aveugle et que ses propres parents ne le considèrent pas comme un de leurs enfants. Non quand on sait  que C'est comme cela dans un pays où une guerre a privé des parents d'accès à un minimum d'éducations, non quand on sait que c'est comme cela dans un pays où un enfant est là pour être un actif qui assure de l'aide et une "pension" à ses parents. 
Il était  Joline. Joline, un joli nom pour une enfant de 16 ans. Joline a un bec de lièvre. Un bec de lièvre qui lui ouvre la lèvre supérieure et le palais, un bec de lièvre qui n'a jamais été opéré, la chirurgie esthétique est un luxe dans son pays.  Mais, rassurez-vous, Joline ne s'en inquiète pas, elle n'a jamais vu son visage déformé et elle ne le verra jamais, elle est  aveugle, elle aussi. 
Il était  Pascal. Pascal ne voit pas bien, Pascal voit de moins en moins. Pascal ne sait pas ce qui lui arrive et personne ne le sait car aucun médecin n'est venu le voir quand une maladie l'a frappé. Maintenant c'est trop tard, il court dans la cours de récréation de l'école de Gihanga en se repérant sur les sons de ses amis mal-voyants, eux aussi. 
Il était  Consolate. Consolate est souriante, gaie.  Elle termine brillement son primaire et ne rêve que d'une chose : passer en secondaire.  Mais ce rêve est impossible, l'examen national de passage au secondaire  est inaccessible aux enfants mal-voyants comme elle dans son pays. Il ne lui reste qu'une solution : quitter sa famille, ses amis et aller dans une école au Rwanda, le pays voisin. Et tant pis si l'enseignement s'y fait en anglais, elle apprendra.  
Ils étaient une cinquantaine d'enfants, tous avec des parcours différents. Certains ont   des parents absents ou impuissants, d'autres ont croisé des soins inadaptés ou inexistants. Tous veulent grandir, aller à l'école et, surtout, avoir un minimum de reconnaissance d'une société à qui des handicapés de la vue font parfois peur.  
Il était  Ernest. Ernest a ses deux yeux et  il voit. D'ailleurs il  a toujours vu et il voit dans les enfants de son pays un potentiel. Un potentiel  de développement. Ernest est le directeur  d'une des trois petites écoles Du Burundi ouverte aux enfants handicapés de la vue. Ernest est un homme de conviction, dynamique, opiniâtre, pro et ré-actif. Il accueille plus de cinquante élèves dans sa petite école primaire située à une trentaine de kilomètres au nord de Bujumbura. Il se bat tous les jours car l'état n'a pas les moyens ni la politique de soutenir ce genre d'établissement.   
Il était  Jean-Luc. Son histoire et sa couleur sont différentes. Jean-Luc est un ingénieur agronome belge venu lancer une entreprise au Burundi en 1992, avant que la guerre ne s'y installe et avant qu'il ne se retrouve, un jour de 1995, au mauvais endroit, au mauvais moment. Alors qu'il rentrait de son travail, des militaires ont bloqué sa voiture et lui ont tiré une balle dans la tête à bout portant. 

Deux ans plus tard Jean-Luc est de retour au Burundi pour continuer à vivre et à être actif. La balle n’a pas pardonné et lui a emporté les deux yeux, il est aveugle.
Il était un jour où Ernest vient rencontrer Jean-Luc. « J’ai entendu parler de vous ; il paraît que vous vous occupez d’une ONG burundaise ; il paraît que vous travaillez sur des ordinateurs adaptés aux personnes non-voyantes ; Je m’appelle Ernest, je m’occupe d’enfants handicapés de la vue qui veulent avancer dans la vie … »
Jean-Luc est interpellé par cette démarche lui qui, dans sa reconstruction, n’a jamais pensé qu’il pouvait, à son tour, s’occuper de personnes handicapées. Lui qui, depuis son « accident », a appris à s’engouffrer dans toutes les portes ouvertes, surtout quand ce sont des personnes de cœur qui les ouvrent.
C’est le début d’une collaboration, d’une amitié qui va en motiver d’autres.
Jean-Luc visite l’école d’Ernest. Il est guidé par le touché de Consolate. Elle lui éclaire le chemin de son sourire. Il y rencontre des cœurs blessés mais ouverts, des cœurs qui en veulent. Ernest traduit les besoins des enfants et de l’école et Jean-Luc essaie d’y répondre. Dès son retour en Belgique, il contacte des amis, des bailleurs de fonds et des sponsors potentiels. Des projets se mettent en place. Jean-Luc, avec sa synthèse vocale, son expérience et ses contacts rédige des documents de projet, des rapports …
Les choses se mettent en route. En2012 Jean-Luc est contacté par Adrien, un animateur de la radio Belge qui lui propose de participer à une émission bâtie autour d’une balade à vélo au Burundi avec des auditeurs belges. Et voilà Jean-Luc parti en tandem avec sa fille Hélène comme pilote… Plus de 500 km à parcourir, plus de 1000 collines à franchir et à vivre.
Mais, pour Jean-Luc et sa fille, il est impossible d’imaginer qu’ils puissent traverser le pays où ils ont vécu et d’en repartir, comme des voleurs, les valises pleines d’images et de souvenirs. Et pourquoi ne pas transformer cette « ballade » médiatisée en un moteur capable de lancer des actions concrètes en faveur des enfants de l’école de Gihanga? Des actions qui répondent aux besoins exprimés par les enfants ? Des actions de récolte d’aides et d’amitiés qui iront directement des donateurs aux bénéficiaires ? Des actions qui se veulent durables car allant vers l’intégration des enfants et leur autonomie ? Des actions qui leur apporteront un peu de l’essentiel : de la reconnaissance ? Des petites actions ponctuelles qui auraient le mérite d’exister et de faire vivre des sourires et des rêves ?
Soit, des actions qui correspondent à une conviction bien ancrée dans l’esprit de Jean-Luc et de ses proches depuis qu’il vit l’Afrique : celle que l’avenir de ce continent appartient à ses enfants et que tout doit être fait pour que les enfants africains puissent s’approprier leur propre développement et leur propre épanouissement.

C'est ainsi que  naît l'action "Donne à voir". Une appellation  venue du regard que posait son ami-réalisateur Ivan Goldschmidt sur Jean-Luc après le tournage du film "Na Wewe", le premier film écrit par un aveugle et nominé aux Oscars en 2011.   
C'est ainsi que, pas à pas,  l'action s'est mise en route. Jean-Luc et l'équipe radio belge  débarquent dans l'école avec des instruments de musique financés par la commune de Berchem Ste Agathe;   de l'argent est récolté; des cours de musique sont financés;  du matériel adapté (montres et machines à calculer parlantes, ordinateurs avec synthèses vocales, ...) est distribué;  des enfants se sentent intégrés; des rentrées régulières sont assurées grâce à la construction d'un poulailler de 700 poules; une première classe est construite pour ouvrir l'école au secondaire et à une intégration des enfants "normaux" ...  

A cela se joignent des actions comme l’opération de Joline, l’enregistrement d’un CD qui laisse Janvier exprimer sa tristesse et ses revendications profondes, la diffusion de ces chansons et de clips pour sensibliser le plus grand monde à la problématique du handicap (voir page réalisations) …

Bref,  une aventure humaine qui avance. Une histoire sans fin ? 

Comme la plupart des histoires et fables africaines, cette histoire n’a pas de fin, elle est une ritournelle appelée à se renouveler et à nous entrainer dans un rythme immuable fait de sourires, de complicités, de mains dans les mains, d’yeux dans les cieux.
Un cheminement auquel se sont joints des amis, des cœurs et auquel tout le monde est convié.
Une histoire qui, je l’espère, « donne à voir ».

Jean-Luc

Pour nous accompagner allez régulièrement sur le journal de ce site qui reprend toutes les étapes de l’aventure et qui est régulièrement mise à jour …

Pour tout complément d’informations :
www.na-wewe.com
www.tandemcoach.com
www.morenacoaching.com